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Dans une interview au JDD le 1 mars Pierre Laurent secrétaire national du PCF: Le Front de gauche, "un front uni qui parle de plusieurs voix"

JDD : Le Sénat a adopté la proposition de loi d'amnistie sociale déposée par le groupe CRC. Une satisfaction?

C'est une belle victoire et un point marqué par tout le Front de Gauche. Nous portions cette revendication depuis la victoire de François Hollande et nous avions regretté, contrairement à toutes les traditions de la gauche, qu'une loi d'amnistie ne soit pas votée au début de la session parlementaire. L'initiative de notre groupe au Sénat a permis que cette discussion s'enclenche et débouche sur la loi d'amnistie. Elle couvre largement les condamnations dont ont été victimes les syndicalistes durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

JDD : Plusieurs amendements socialistes ont quand même restreint le champ d'application du texte… Certains parlent d'une loi a minima.

Mercredi j'ai reçu beaucoup de SMS de syndicalistes concernés et je crois que c'est tout sauf une loi a minima. Les militants pour le droit au logement restent concernés mais pas ceux pour les droits des migrants ou la défense de l'environnement. Nous le regrettons. La proposition va continuer son chemin à l'Assemblée, donc nous allons essayer de convaincre pour avoir une amnistie complète. Mais c'est d'ores et déjà un beau signal envoyé aux syndicalistes.

JDD : Ces derniers jours, notamment sur ce texte, Jean-Luc Mélenchon avait vivement critiqué le gouvernement et François Hollande. "Ceux qui ne votent pas la loi ne sont pas de gauche, mais des suppôts du Comité des Forges, du Medef et du CAC 40." Vous partagez ces propos?

Après le vote de mercredi, j'ai surtout envie de souligner que ce point gagné a été marqué par toutes les forces du Front de Gauche. Par Jean-Luc Mélenchon, par moi-même, par notre groupe de sénateurs. Chacun, à sa manière, a contribué à ce succès. Toutes les autres polémiques ne m'intéressent pas.

JDD : Dans un entretien à Libération , Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, estimait qu'il ne fallait pas "emprunter le chemin de la menace, mais celui du rassemblement de la majorité sénatoriale de gauche". N'y a-t-il pas une différence d'attitude politique entre PCF et le Parti de Gauche?

Ce n'est pas la première fois qu'il y a une différence de ton entre Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent ou un autre dirigeant du Front de Gauche. La force du Front de Gauche est d'être un Front qui sait faire vivre sa diversité. Notre diagnostic de la politique gouvernementale est unanime. J'ai toujours insisté sur la nécessité de faire prévaloir une démarche de rassemblement. Il faut tendre la main vers ceux qui, à gauche, peuvent partager notre diagnostic. Mais ceux qui pensent que nous allons laisser filer ou détricoter l'acquis unitaire du Front de gauche se trompent. C'est un Front uni qui parle de plusieurs voix.

JDD :   Vous faites un bilan négatif du début de mandat de François Hollande?

Evidemment. Sur le dossier qui préoccupe le plus les Français, le chômage, on voit bien que nous sommes sur une pente négative. Avec les moyens mis en œuvre actuellement, il n'y aura pas d'inversement de la courbe du chômage dans l'année. Tant que nous ne tournerons pas le dos au chemin de l'austérité qui est pris, nous ne parviendrons pas à cet objectif. Le chômage alimente les déficits des comptes publics. Sans relance sérieuse de la politique d'emploi, nous serons dans un engrenage infini de déficits et d'austérité. C'est ce qui se passe dans les autres pays européens. Le cadre de la politique gouvernementale doit être changé d'urgence.

JDD : Dans une note de bilan de mandat, André Chassaigne listait les points négatifs, mais aussi positifs. Plutôt qu'être dans la critique permanente de l'action, ne faut-il pas accorder quelques satisfécits?

Depuis le premier jour, nous sommes dans la proposition. A aucun moment, nous avons critiqué une mesure, sans en proposer une autre à la place. Mais les propositions alternatives sont balayées d'un revers de main, au nom du dogme selon lequel il n'y aurait qu'une politique possible : celle préconisée par la Commission européenne. On sait où ça mène, on vient de le voir en Italie. Maintenant, heureusement qu'en neuf mois de gauche il y a eu quand même quelques toutes petites avancées dans certains domaines, notamment le logement. Ça ne relève pas d'un exploit pour un gouvernement de gauche.

JDD : Jean-Marc Ayrault a installé mercredi la commission "pour l'avenir des retraites", chargée de proposer des pistes dans un délai de trois mois. Est-ce que vous comprendrIez si la gauche désindexait les pensions ou augmentait la durée de cotisations?

Non, absolument pas. Ce sont exactement les pistes qui ont été empruntées par Nicolas Sarkozy, et dont tout le monde constatent aujourd'hui qu'elles ont dégradé la situation des retraités et n'ont en rien solutionné le problème de financement des régimes. Est-ce que nous allons nous décider à mener une politique d'emploi et de recul du chômage qui remette au travail - et donc fournisse des ressources au système - tout ceux qui en sont privés? L'origine de la dégradation des comptes des retraites, c'est le chômage et la précarité.

JDD : Ce serait un casus belli si le gouvernement allait dans ce sens-là?

Nous étions dans la rue aux côtés des salariés à l'époque de Nicolas Sarkozy. Pourquoi est-ce que, parce que le PS est au gouvernement, il faudrait accepter aujourd'hui ce que nous avons refusé ensemble hier? Si la majorité des Français ont poussé la droite hors du pouvoir, c'est précisément pour changer de cap. Il serait invraisemblable à mes yeux que la gauche, deux ans après, emprunte la même voie.

JDD : Que pensez-vous de l'action d'Arnaud Montebourg?

Ce n'est pas une question personnelle. L'action d'Arnaud Montebourg brille pour l'instant par son inefficacité. Tout simplement parce que le gouvernement dont il est membre refuse d'aller au bout d'une démarche qui consisterait à faire reculer le pouvoir des actionnaires dans les grandes entreprises qui licencient. Les impasses de la politique actuelle devraient faire réfléchir les ministres et les faire mettre en œuvre d'autres réformes. Je ne désespère pas d'être entendu.

JDD : Quel est l'objectif affiché par le PCF pour les prochaines municipales de 2014?

Ce sont des élections qui sont extrêmement importantes. Beaucoup de l'avenir de notre société et de notre conception de la solidarité se joue au plan local. Notre objectif est double. D'abord, empêcher que la droite et l'extrême droite - qui seront in fine alliées dans ces élections - conquièrent des villes. Nous allons aussi préparer ces élections avec l'ambition de conserver les positions qui sont les nôtres, mais aussi de les élargir.

JDD : Le PG, pour des questions de visibilité, aimerait des listes autonomes FDG dans toutes les grandes villes. Le PCF est-il sur la même ligne?

Si nous sommes d'accord sur l'objectif que je viens d'énoncer, se pose ensuite des problèmes de tactiques électorales liées au mode de scrutin, à la fois majoritaire et proportionnel à deux tours. Cela suppose des alliances pour conquérir des majorités. On peut aller à ces alliances avec des listes autonomes au premier tour ou avec des listes de rassemblement dès le premier tour. Les deux cas de figures sont possibles et nous n'en écartons aucun. Il y a déjà eu des situations diverses sur le plan national dans les échéances précédentes, il y en aura peut-être encore en 2014.

JDD : Il peut y avoir dès le premier tour des alliances avec le PS dans certaines villes?

En tout cas, dans les villes qui sont aujourd'hui dirigées par un maire communiste, c'est ce que nous proposerons. Et je crois que c'est ce que nous proposerons aussi dans les villes dirigées par un élu Front de gauche, qu'il soit communiste ou d'une autre formation  du Front de gauche. Dans beaucoup des autres villes, c'est une hypothèse que nous n'écartons pas, à condition que notre place soit respectée et que les objectifs qui figurent dans le programme municipal nous conviennent.

JDD : Peut-il y avoir des listes PCF ou PG - et non Front de gauche - en fonction des villes?

Mon ambition est de travailler à ce que le Front de gauche aille dans chaque ville avec une stratégie unitaire.

JDD :La même année se tiendront les européennes. Quel est l'objectif ?

Nous irons à la bataille avec un objectif de rupture très clair. Nous ne pouvons pas continuer à nous enfoncer dans la ligne fixée par les pactes budgétaires européens successifs qui conduisent à l'échec et à l'échec de la gauche. Nous travaillons en cela à l'intérêt de la gauche. Nous ne voulons pas de l'explosion ou de la dissolution de l'Europe. Nous voulons une autre Europe qui retrouve le chemin de la solidarité et du progrès social.

JDD : Souhaitez-vous que Jean-Luc Mélenchon se représente aux européennes? Pourrait-il être en tête d’une liste nationale si le mode de scrutin actuel est modifié?

Les cinq députés européens du Front de gauche ont, s'ils le souhaitent, vocation à se représenter. Jean-Luc à toute sa place à la tête de ce combat. S'il existe une liste nationale, ce sera évidemment une des possibilités. Si nous sommes dans des listes par régions, il sera à la tête d'une de ces listes. Nous donnerons de toute façon un caractère national et européen à cette bataille.

Lien JDD : http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Pierre-Laurent-Le-Front-de-gauch...
 

 

Dans une interview au JDD le 1 mars Pierre Laurent secrétaire national du PCF: Le Front de gauche,

le 04 March 2013